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Manifeste - I

"Le Néo-Rupestre" ®

COPYRIGHT 1999 Io ILLY

 

PREFACE

 Le langage de l'Art est celui de nos origines . Là précisément ou la pensée humaine a su se différencier de la lumière.

 Il fallait du courage pour entreprendre ce voyage hors du temps dont le retour n'était pas acquis d'avance.

 

 Isolée dans ce monde de pierre, enveloppée par l'obscurité, Io ILLY en a ramené pour le plus grand plaisir de notre regard, un brin de lumière, celle de l'origine de notre pensée.

 

PREMIER LIVRE

 

 Dans mon environnement d'enfant l'art faisait partie intégrante de mon quotidien . J'ai ainsi toujours eu un regard émotionnel, rêveur, imaginatif, pour tout ce qui m'entourait.

 

 C'est en contemplant les falaises et les grottes des plages du Finistère où mes parents m'emmenaient jouer, que j'ai ressenti l'éblouissement le plus profond . En effet, ces roches façonnées par la patience de l'eau, éveillaient en moi toute l'imagination de l'enfance . Ces sculptures que j'avais devant les yeux n'étaient faites que par les caresses des vagues et du temps . J'étais fascinée par ces murs de pierres qui faisaient autour de mon aire de jeux un abris, une protection contre tout.

La perception du monde environnant n'est alors plus perçu de la même façon...

 Quelle merveille !

 

 Je me suis intéressée à ce monde minéral, jusqu'à découvrir, grâce à mes manuels scolaires, la peinture rupestre . Cependant cette peinture était pour moi des plus naturelle . Cela était peut-être dû à une osmose subtile entre moi et cet art, il faisait déjà parti de ma sensibilité au plus profond de moi .

 

 Au fil des années, j'ai compris que l'on pouvait décrire par des formes et des couleurs, une variété de situations émotives, bien avant de savoir lire et écrire . Quand je découvris avec effarement le discours, assez souvent morbide, rempli de haine et de rancœur, de l'art contemporain, j'ai eu l'impression d'être dans une impasse émotionnelle, d'être paralysée par ce mépris humain, pour ce goût du paraître, par cette inclination des hommes à aimer une existence superficielle, sans profondeur, sans vérité .

 

 L'art était-ce uniquement cela ?

 

 C'est ainsi que j'ai eu besoin de faire un retour en arrière, un retour dans le passé . J'ai donc pris le chemin qui m'a conduit, à travers l'histoire de l'humanité, vers les premières peintures rupestres . Je suis revenue à cette étincelle artistique dans toute sa pureté, exempte de tout discours névrotique ou aliénant . Instinctivement, la fascination des grottes de mon enfance a resurgi en moi et tous les endroits que je connaissais existaient encore, intacts, car sans cesse régénérés par l'Océan .

 Mais pour aller plus loin, un peu de connaissance est indispensable à ma culture . Je me suis documentée, mais les connaissances actuelles, où j'espérais trouver une clef pour pénétrer le mystère des peintres de jadis ne m'apportèrent rien . Je fus très déçue . Aucune porte ne s'ouvre . La qualité des ouvrages semble exemplaire, mais la manière de voir les choses ne me convient pas . Si j'avais cru, les écrits des archéologues, jamais ma peinture ne serait née .

C'est lorsque je reprends connaissance de mon existence dans l'obscurité que je suis prête à laisser mon immagination découvrir le monde minéral.

 Les théories qui entourent la genèse de l'art rupestre me font douter, car à mes yeux les archéologues posent le problème à l'envers . Leur approche, à l'égard de cette peinture, est abordée avec des yeux d'hommes et de femmes actuels qui finissent par faire des peintres rupestres les porte-paroles de leurs propres interrogations existentielles . Il n'y a aucune mise en condition pour appréhender la genèse de la peinture rupestre . L'équipement scientifique, néanmoins nécessaire pour pérenniser, codifier, étudier et divulguer ce monde merveilleux, crée une barrière entre notre manière de penser et celle des peintres des cavernes, c'est à dire entre l'observateur moderne et le créateur d'il y a 30.000 ans .

 

 Il est ainsi vaniteux d'expliquer d'une manière scientifiquement honnête la démarche des artistes de jadis, si l'on ne pénètre pas physiquement et psychiquement leur époque, de la façon la plus proche . J'ai décidé par curiosité artistique d'intégrer leur monde . Il a fallu que je remette en éveil mes sens, car l'aide de nombreux auxiliaires techniques, environnementaux ou pratiques, faussent toutes les démarches de la compréhension . Dans ces conditions seule une constatation des faits artistiques aura lieu, mais nullement son explication émotive . J'ai donc repris leur façon d'être, une peau de bête comme seul vêtement .

Découvrir ici et là des formes connues...

 Ainsi libérée de mes contraintes vestimentaires, il m'est même arrivé de ne garder que ma peau, et atteindre par cette occasion les limites de ma sensibilité . La perception du monde environnant n'est alors plus perçu de la même façon .

 

 Isolée par la mer, qui garde furieusement l'entrée de la grotte, j'ai alors l'impression d'être vraiment seule dans la nuit des temps . Dans ces moments, il faut faire appel à d'autres potentialités sensitives souvent oubliées . Percevoir le mer qui continue de sculpter le roc, sentir le contact du sable, de la roche ou des gouttes d'eau sur sa peau, humer les milles odeurs du minéral et goûter les saveurs de son environnement sur ses lèvres, sont autant de preuves que l'on existe dans ce monde intemporel . C'est lorsque je reprends connaissance de mon existence dans l'obscurité que je suis prête à laisser mon imagination découvrir le minéral . Dans ce contexte je pense, que l'imagination du peintre rupestre est allée à la lecture de la roche . Cependant entre mon imagination et celle de ces artistes de jadis, une différence non négligeable existait, ils restaient à l'inverse de moi, attachés à ce qu'ils connaissaient de l'extérieur . Mais leurs actions gratuites, pour le plaisir des sens et de l'esprit, a sans doute fini par ne plus leur donner une satisfaction totale . Ils ont ainsi "oubliés" leurs créations pour aller peut-être vers des occupations plus utiles . Or ce qui a sûrement été valable pour eux le fût également pour moi ;

 

 Découvrir ici et là des formes connues, les contourner avec un bout de charbon de bois, ou en imaginer la suite, ne me satisfaisait plus . Il me fallait autre chose . Les peintres de jadis avaient uniquement abordés dans leurs oeuvres, le rapport entre eux et le monde animal, la roche servant uniquement de support, de révélateur . J'ai décidé d'aborder le monde minéral comme une entité propre, vis à vis de la mienne . C'est ainsi que j'ai découvert le potentiel immense de nos échanges .

Qui me conduit vers une intense jouissance chromatique

 Chaque endroit de mon corps devenait un récepteur pour ses caresses : chaque bruit un murmure amoureux, chaque goutte d'eau sur ma peau une perle du désir . Et c'est ainsi que nos échanges étaient et sont toujours une véritable extase amoureuse, qui me conduit vers une intense jouissance chromatique, que je m'empresse de reproduire sur mes toiles, une fois rentrée dans mon atelier .

 

 Pourtant je n'oublierai jamais les peintres rupestres de jadis, ils m'ont obligée, pour les comprendre, à une catharsis intemporelle, à une osmose avec leur temps .

 Ils m'ont aidée à créer un autre style de peinture que j'ai nommé en mémoire d'eux :

 

 Le "Néo-Rupestre" ®

 

Enfin lorsque l'Océan me libère, je sors de la grotte régénérée, le corps remplit de lumière, non pas de la lumière du présent mais celle du passé porteuse de la genèse de nos origines .

 

 Io ILLY

 Artiste-Peintre

 

 COPYRIGHT 1999 Io ILLY

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